Sanlúcar de Barrameda, porte ouverte sur le parc de Doñana
Idéalement située à l’embouchure du Guadalquivir, Sanlúcar de Barameda est tournée à la fois vers la mer et la terre. Vers la mer grâce aux galères qui, à l’époque, revenaient des Amériques. Vers la terre grâce au vignoble qui produit la célèbre manzanilla.
Sanlúcar de Barrameda – Elle a connu son heure de gloire lorsque les galères chargées d’or et de denrées exotiques, de retour des Amériques, s’y arrêtaient avant de remonter le fleuve jusque Sevilla.
Des navigateurs célèbres y ont séjourné.
Christophe Colomb choisit Sanlúcar comme point de départ de sa troisième expédition.
En 1519, Magellan appareille avec cinq navires de Sanlúcar de Barrameda pour ouvrir une voie vers les Moluques en contournant le continent américain. Il n’en reviendra pas, assassiné aux Philippines. Un seul bateau rentrera sous le commandement de Juan Sebastián Elcano. L’expédition – qui s’avérera être le premier tour du monde - aura duré trois ans. Depuis septembre 2013, un monument rappelle l'événement.
En 1640, le Portugal obtient son indépendance et le duc de Medina Sidonia tombe en disgrâce. L’évolution des navires, plus lourds, au tirant d’eau plus importants, les empêche de franchir les bans de sable face à Sanlúcar. La ville rentre lentement dans le rang.
Il faudra attendre le XIXème siècle pour qu’elle retrouve des couleurs grâce à la viticulture qui se développe au départ de Jerez de la Frontera.
Manzanilla…
Le barrio alto regroupe un riche patrimoine historique… et plusieurs caves dont les célèbres Barbadillo. Une (bonne) heure devrait suffire pour une balade dans la ville avant de profiter du calme relatif de la plaza del Cabildo où il s’agit, pour les locaux, de voir et d’être vu.
Le castillo de Santiago domine la ville. L’impressionnant donjon (XIIIème siècle) – Torre del Homenaje - est la partie la plus ancienne. Au fil du temps, on y ajouta une muraille et quatre tours (XVème siècle). Dans la cour d’entrée, un établissement qui bénéficie d’un cadre tout à fait particulier. Il est possible de visiter le château à des heures précises… ce qui m’a empêché d’y participer.
Tout proche, le musée Barbadillo qui vous explique tout sur le vin de la région… mais plus particulièrement ceux élevés dans le vignoble du même nom.
En vous dirigeant vers l’église Nuestra Señora de la O, vous ne manquerez pas de vous enivrer de l’odeur envoûtante et persistante de la manzanilla présente dans les callejón de las Comedias et calle Eguilaz. Nous sommes au milieu des caves et autres propriétés Barbadillo (dont le petit palais baroque Casa de la Cilla - au N° 21 - où l’on percevait la dîme)… et cela se sent.
Palais des Comtes de Niebla - Détail
L’église Nuestra Señora de la O propose un superbe portail mudéjar du XIVème siècle. Juste à côté, le palais des Comtes de Niebla qui est toujours la résidence du duc de Medina Sidonia. Feue la duchesse de Medina Sidonia – appelée la duchesse rouge pour ses idées sous le franquisme – a répertorié personnellement les documents qui composent parmi les plus importantes, si pas les plus importantes archives privées au monde.
Ayuntamiento - la salle des mariages
En continuant la promenade par la calle Caballeros, vous rencontrerez un bien étrange édifice néomudéjare, el palacio de Orléans y Borbón, perdu au milieu d’un jardin savamment orchestré. Construit au XVIIIème siècle, il était résidence d’été des ducs de Montpensier jusqu’à sa reconversion en Ayuntamiento. Profitez d’un mariage ou d’une cérémonie quelconque pour vous glisser à l’intérieur.
En sortant du jardin, longez l’enceinte du jardin par la gauche. Autre curiosité dans la Cuesta de Bélen, las Covachas. On ne connaît pas trop l’origine de ce monument constitué de sept arcs en accolade, qui devait certainement faire partie du palais commandé par le duc de Medina Sidonia au XVème siècle. L’érosion et les dragons ailés ajoutent au caractère mystérieux de ce portique (?)
Vous voilà sur la plaza San Roque où se tient chaque jour un marché matinal et, en prolongement, la plaza del Cabildo… cabildo qui fit office d’hôtel de ville avant qu’il ne déménage vers le palacio de Orléans y Borbón.
…et gambas
Le barrio bajo s’étire le long du Guadalquivir. Il s’est développé au cours du XVIème siècle, attirant les commerçants de tout poil et les désœuvrés désireux de tenter l’aventure vers les Amériques. Aujourd’hui, la vocation commerciale du quartier est toujours bien ancrée avec ses restaurants où l’on peut déguster le poisson sous toutes ses formes.
Il n’est pas rare qu’un navire appareille pour remonter le fleuve… Les tickets se prennent à l’ancienne fabrique de glace (Centro de visitantes Fábrica de Hielo). Mais il s’arrêtera quelques encablures plus au nord à hauteur d’un des centres des visiteurs du parc national de Doñana, la plus grande réserve ornithologique d’Europe (73.000 hectares). Mais là est une autre histoire !
Le long du Guadalquivir
Au départ de Sanlúcar de Barrameda, il est une autre façon plus originale de découvrir le Guadalquivir, suivre le chemin qui longe la berge (CA-9027 et SE-9013). Peu de cartes routières le renseignent… et le GPS n’est pas toujours le guide que l’on peut espérer. Son état laisse souvent à désirer. Il vous faut donc un véhicule adapté. Exception faite des tracteurs qui se rendent aux champs, peu de véhicules empruntent cet itinéraire que j’ai pris goût à découvrir.
Vous pouvez remonter ainsi jusque Coria del Río et profiter des paysages changeants au gré des saisons. Un bac vous y attend pour vous permettre de traverser le fleuve sans devoir remonter jusque Sevilla où se situe le dernier pont avant la mer. Cependant, il vous est toujours possible de revenir sur l’axe principal à hauteur de Trebujena, Lebrija, Las Cabezas de San Juan y Los Palacios y Villafranca.
Petite plongée historique
Le palais des Comtes de Niebla est la résidence des ducs de Medina Sidonia, une des plus anciennes familles nobles d’Espagne (1440). Parmi ses vénérables ancêtres, Guzmán el Bueno, héro de la Reconquête.
Feue Doña Isabel Alvarez de Toledo y Maura, 25ème comtesse de Niebla, 21ème duchesse de Medina Sidonia, 18ème marquise de los Vélez, 17ème marquise de Villafranca del Bierzo, trois fois Grande d'Espagne, fut une farouche opposante au régime franquiste. Emprisonnée huit mois pour avoir participé à une manifestation interdite suite à l’incident nucléaire de Palomares et, par la suite (1970), exilée volontaire en France après avoir écrit « La huelga (La grève) », elle ne revint en Espagne qu’après la mort du dictateur (1977).
Historienne et paléographe (spécialiste des documents anciens), elle consacra alors sa vie à répertorier les 6312 liasses de documents qui constituent les archives familiales… soit plus de deux millions de documents dont les plus anciens datent de 1228.
Elle rédigea divers ouvrages dont « No fuimos nosotros (Ce ne fut pas nous)» et « Afríca versus America », essais dans lesquels elle tente de prouver, sur base de ses archives, que les transactions commerciales entre l’Europe et les Amériques sont bien antérieures à Christophe Colomb.
Doña Isabel Alvarez de Toledo est décédée à Sanlúcar de Barrameda le 7 mars 2008.
Festivités
Sanlúcar de Barrameda propose un calendrier festif assez conséquent. Certaines de ces fêtes ne vivent qu’une journée – en l’honneur de la Vierge ou d’un saint – d’autres imposent de s’investir durant plusieurs jours…
Parmi les plus importantes,
- Carnaval :
- Feria de la manzanilla : Mi-mai
- Romeria de la Virgen del Rocío : semaine précédent la Pentecôte
Chaque année, à la Pentecôte, le petit village del Rocío (Almonte) accueille plus d'un million de pèlerins dans le cadre de la Romeria de la Virgen del Rocío, la Blanca Paloma. Dans les jours qui précèdent, toutes les confréries de la province de Cádiz convergent vers Sanlúcar de Barrameda, campent sur la plage avant de franchir le Guadalquivir et de traverser trois jours durant, le Parc national de Doñana.
- Día de la manzanilla : Juin
- Corpus Christi : Fin juin
- Fiestas de la exaltación del rio Guadalquivir : Août
- Carreras de caballos en la playa : Août
Depuis 1845, Sanlúcar de Barrameda propose des courses de chevaux. Et alors ? Me direz-vous ! La particularité de ces courses - qui se déroulent durant deux cycles de trois jours au cours du mois d’août – vient de l’hippodrome. Il s’agit de la plage tout simplement. Les plaisanciers profitent du sable et de l’eau. Une voiture de la Guarda civil longe la plage, avertissant du prochain départ d’une course. Les gens se retirent derrière un ruban marquant la limite du champ de courses et, les chevaux passés, reprennent place le long de l’eau jusqu’au prochain départ.
En marge des paris hippiques, un concours départage les plus belles taquillas où les enfants peuvent aussi parier. 1,- € maximum et non sur le vainqueur final mais sur le premier cheval doublant l’aubette où a été remis le pari.
- Fiestas patronales Virgen de la Caridad : Autour du 15 août
- Carreritas de caballos en la playa : Décembre
Quelques bons plans
Si vous désirez manger en terrasse dans le barrio bajo, n’oubliez surtout pas du répulsif contre les moustiques. Si le poisson constitue le menu des humains, les humains constituent celui des moustiques ! Et ce n’est pas peu dire !
Et pour tout renseignement complémentaire,
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