Córdoba l'oecuménique
A l’instar des villes au riche patrimoine architectural, Córdoba dispose d’atouts importants qu’elle sait mettre en valeur. Le visiteur peut y séjourner une semaine et se donner l’impression d’avoir manqué « quelque chose ». A contrario, en une journée, il peut en découvrir l’essentiel.
Córdoba – Comme Sevilla, fille du Guadalquivir ! Comme Granada, capitale d’un royaume arabe ! Plus discrète que ces deux villes, Córdoba n’en est pas moins attirante, loin s’en faut.
Elle a traversé le temps tout en restant au faîte de la culture. Capitale de la Bétique romaine, elle a vu les Sénèque, père et fils, en ses murs. Plus tard, on y retrouve l’évêque Ossius, conseiller de l’empereur Constantin, celui-là même qui présida le Concile de Nicée (325). Avec l’arrivée des Arabes, débute pour Córdoba, une période faste qui en fait l’une des villes phares de l’Occident. D’illustres personnages de tous les horizons vont y trouver l’inspiration. Le plus connu, Maimonide (1135 – 1204), un juif célèbre pour ses connaissances médicales et surtout philosophiques. En 1236, la ville est reconquise et se transforme fondamentalement du point de vue architectural avec la construction d’églises dites « ferdinandines » (en l’honneur de Saint Ferdinand III, vainqueur des musulmans).
Il va sans dire que Córdoba regorge de trésors architecturaux… en commençant par la mezquita.
Le chef d’œuvre de l’art musulman
Débutée au VIIIème siècle sur les lieux mêmes d’une église wisigothe, elle prendra de plus en plus d’extension pour devenir la plus grande mosquée du monde musulman.
L’accès au Patio de los naranjos est libre. Cette grande cour ombragée, bordée de galeries sur trois de ses côtés et dominée par le clocher, construit autour du minaret primitif, permettait aux fidèles de pratiquer les ablutions obligatoires avant la prière. De l’époque, il ne reste plus que les canaux d’irrigation (ou rigoles) dans lesquels circulaient l’eau. Les orangers ont remplacé les palmiers et la grande fontaine (ou citerne d’Al Mansour) a été remaniée au XVème siècle.
La Puerta de las Palmas franchie, le visiteur reste pantois devant cette forêt de 856 colonnes surmontées de doubles arcs afin de donner de la hauteur à l’édifice. Pierres et briques alternent offrant à l’ensemble un zébrage particulier. L’ensemble est assez sombre sauf lorsque l’on s’approche de la partie ou fut construite la cathédrale.
Cette première partie – la plus ancienne – permet de constater l’utilisation d’éléments architecturaux antérieurs. Le temple romain dédié à Janus et la basilique wisigothe San Vicente furent démantelés et les matériaux réutilisés.
Laissez-vous aller. Regardez autour de vous. Constatez la finesse du travail réalisé. Appréciez la richesse architecturale de cet édifice hors du commun.
Malgré les différentes étapes de la construction, l’ensemble a su conserver toute son harmonie.
Le mihrab est certainement le point d’orgue de la mezquita. Cette niche octogonale où l’imam plaçait le coran, ainsi que la superbe coupole qui la précède est l’œuvre d’artistes byzantins appelés pour la circonstance. Cet espace – le maksourah - était réservé au calife dont des inscriptions chantent la gloire et à sa cour.
Lorsque les Chrétiens vont s’approprier l’édifice, ils vont le conserver plutôt que le détruire, la coutume à l’époque. Alphonse X fit fermer les différentes portes qui donnaient sur le Patio de los naranjos, sauf la Puerta de las Palmas et fit construire une première cathédrale – discrète - dès le XIIIème siècle. Le long des murs, de petites chapelles sont érigées, ne déparant en rien l’œuvre des musulmans.
Au XVIème siècle, contre la volonté du chapitre, l’évêque Alonso Manrique obtient l’autorisation de construire une cathédrale imposante au centre de la mosquée. Charles Quint aurait dit en y entrant pour la première fois : « Vous avez détruit ce que l’on ne voit nulle part pour construire ce que l’on voit partout. » La partie chrétienne vaut essentiellement pour son chœur, florilège de tous les styles de l’époque, et les stalles en acajou sculpté. La haute coupole donne accès à une lumière crue que les premiers bâtisseurs avaient voulue diaphane.
Coup d’œil sur les abords
Vous ne devez manquer de faire le tour de la mezquita. Les différentes portes, plus ouvragées les unes que les autres, méritent que l’on s’y attarde. Accolé au mur nord, la Vierge aux lanternes est très vénérée à Córdoba.
Au passage, jetez un œil sur le portail travaillé (XVIème siècle) de l’ancien hôpital San Sebastián, aujourd’hui Palais des congrés et Office du Tourisme.
Redescendez vers le Guadalquivir. Le Triunfo de san Raphael (XVIIème siècle) se dresse devant vous. Il aurait bien besoin d’un petit rafraîchissement. Sur votre droite, le Palais épiscopal. Franchissez la Puerta del Puente (XVIème siècle) qui ressemble à un arc de triomphe depuis qu’elle a perdu les remparts qui l’encadraient.
Devant vous, le Puente romano – A-t-il encore quelque chose de romain ? - qui vous emmène vers la Torre de la Calahorra. Au passage, remarquez le petit autel dressé en dévotion à l’archange Saint Raphaël, protecteur de la ville. La tour, d’origine arabe fut remaniée au fil du temps pour devenir aujourd’hui le Museo vivo al-Andalus qui présente Córdoba au moment de sa splendeur culturelle, artistique, scientifique, philosophique,… Profitez de la perspective sur le casco historico avant de refranchir le Puente romano.
L’enceinte fortifiée
Longez le fleuve par la gauche. Vous avez l’opportunité de voir les vestiges d’anciens moulins arabes. L’un d’eux a conservé sa noria. Vous voilà le long des remparts de l’Alcázar de los Reyes cristianos (XIVème siècle). L’intérieur de la forteresse ne vaut que pour les splendides mosaïques romaines qui y sont exposées. Elles furent découvertes lors des travaux d’aménagement de la Plaza de Corredura. Un sarcophage romain du IIIème siècle mérite que l’on s’y penche pour en admirer les détails. Du haut de la tour, une vue plongeante sur les jardins, le Guadalquivir et la Mezquita toute proche.
Remontez la calle Cairuán en longeant la muraille jusqu’à la Puerta d’Almodovar. Au passage, vous aurez pu constater des fouilles à hauteur du Campo santo de los mártires. Il s’agit de bains remontant à lépoque califale (Xème siècle). Vous entrez dans la Judería.
L’ancien quartier juif est un dédale de petites rues étroites où il fait bon se promener, se donner une impression d’ensemble, s’attarder à des détails. Patios fleuris, grilles de fer forgé ouvragées, portes de bois travaillées,… Une des seules synagogues de l’époque médiévale est ouverte aux visiteurs. Un petit musée installé dans une maison du XIIème siècle retrace la fabrication du papier. Un souk héberge quelques artisans locaux que l’on peut voir travailler, En levant les yeux, il est possible de profiter de belles perspectives sur le clocher de la cathédrale. La plus connue est certainement celle depuis la calleja de las Flores.
Il y a encore tant à voir mais le temps manque. Optons pour les patios qui ont fait la renommée de Córdoba. Il nous reste à traverser la ville pour rejoindre le Palacio de Viana.
Composez votre itinéraire en passant par quelques points marquants.
- La Plaza del Potro qui doit son nom à la fontaine surmontée d’un poulain. Elle fut mise en valeur par Cervantes dans Don Quichote de la Mancha. Sans prendre le temps de visiter les musées des Beaux-Arts et Julío Romero de Torres, entrez dans le patio pour admirer la façade peinte de la maison natale du peintre.
- La Plaza de la Corredura qui ressemble aux places courantes en Castilla y Léon. Vaste espace rectangulaires auxquels des passages voûtés donnent accès. Haut lieu de rencontres « arrosées », elle fut le théâtre d’évènements de la vie quotidienne des Cordouans. Remarquez la belle façade… du marché.
- L’Ayuntamiento mais surtout le temple romain tout à côté
- Le Palacio de Orive et ses jardins aménagés en site d’expositions pour les élèves d’écoles artistiques.
Le Palacio de Viana est un résumé de l´Histoire des patios de Córdoba. Durant cinq siècles (jusqu’en 1980), il fut lieu de résidence de familles nobles. Aujourd’hui, rien n’a changé de l’intérieur du dernier occupant, la marquise de Viana. Beaux mobiliers mais surtout une collection remarquable de cuirs repoussés et cordouans ainsi des azulejos dont certains remontent au XIIIème siècle, des tapisseries, certaines conçues sur base de cartons de Goya et une bibliothèque (très éclectique) de plus de sept mille volumes.
Mais cette noble demeure vaut le déplacement surtout pour ses douze patios – dans la plus pure tradition cordouane - et le jardin. « Les patios cordouans sont les héritiers d’une tradition méditerranéenne chargée de siècles d’Histoire. Il ne s’agit pas d’un phénomène spontané et exclusif de la ville, mais du résultat de l’organisation constructive de grandes civilisations, telles que les civilisations romaine et arabe qui ont laissé leur empreinte à Córdoba. Il existe de nombreuses sortes de patios avec des fonctions diverses et, à Viana, aux côtés des patios seigneuriaux et monumentaux sont représentés les patios populaires, modernes, les patios de travail, intérieurs ou semi-ouverts, aménagés en jardin,… »
Il vous reste à rejoindre votre point de départ en découvrant d’autres sites au passage.
- La Torre de la Malmuerta, ancienne tour de guet du XVème siècle.
- La Plaza de Colón, un parc aménagé face à l’église de la Merced, aujourd’hui siège de la Díputación provincíal.
- Les parcs qui cernent la ville et forment un site très prisé des Cordouans lors des fortes chaleurs de l’été.
Les bons plans
Chaussez-vous confortablement. La plupart des rues de Córdoba sont composées de calades (mosaïques de galets). Agréable à l’œil mais pas aux pieds.
Il est important de savoir que de nombreuses rues portent deux noms. Les deux inscriptions sont souvent présentes… mais pas sur les plans. Pas toujours évident de s’y retrouver dans ce dédale de ruelles.
A l’instar des grandes villes andalouses, il est difficile de se parquer à Córdoba. Nous avions opté pour le train. Très agréablement surpris – après avoir utilisé les chemins de fer belges durant des années – Les places sont réservées, les voitures propres, les sièges confortables, le personnel agréable, le service adéquat (distributeurs de boissons) et surtout ponctuel sans oublier de signaler des prix défiant toute concurrence (46,30 euros pour Cádiz – Córdoba aller / retour soit cinq cents kilomètres). Une expérience que je renouvellerai.
Córdoba offre une palette d’hôtels allant du cinq étoiles au petit hostal sans prétention. Nous avions opté pour El antiguo convento (calle Rey Heredía, 26), un hôtel tout proche du casco historico, dans une rue calme. L’accueil est charmant, les chambres, bien que spartiates, confortables et le petit déjeuner vous cale pour une longue journée de visite.
Afin de ne pas perdre de temps avec le repas de midi, pourquoi ne pas opter pour des tapas. Plusieurs établissements proposent des menus « tapas » mais vous pouvez composer votre propre sélection. La Plaza de Corredura dispose d’une offre importante… et il est agréable de voir les gens passer.
Festivités
- Romeria de Santo Domingo : 21 abril
- Bataille de fleurs : 1er mai
- Croix de mai . autour du 3 mai
- Festival des patios : durant la 1ère quinzaine de mai
- Feria de Nuestra Señora de la Salud : dernière semaine de mai
- CabalCor (Feria del caballo) : 3ème WE de septembre
Pour plus de renseignements :
- www.turismodecordoba.org
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